"Quand les rumeurs 'vipèrent',
Quand l'image d�teint...."
Pourquoi avoir cr�� une rubrique aussi ignoble pour les fans (ou magnifique suivant les avis) dans un site d�di� à Jean-Jacques Goldman ?
S?rement pas pour d�truire l'image du chanteur que nous respectons avant tout. Juste pour confronter des opinions (souvent peu objectives), des id�es ou simplement constater les erreurs de ses detracteurs qui ont cr? à un succès �ph�mère de Jean-Jacques alors qu'il est devenu le chanteur le plus aim� des français. Pour montrer que les journalistes n'y vont pas de main morte pour d�truire une personnalit� dont le succès est grandissant !
Le 5 d�cembre 1985 au matin, on ne parle que de cela. L'article de Patrice Delbourg dans l'ֹv�nement du Jeudi d�chaמne les passions et les colères. Il reste à ce jour l'illustration exemplaire du d�calage entre les m�dias et leur lectorat en ce qui concerne le traitement de la chanson dite de vari�t�.
Il va bourrer le chapiteau du Z�nith et pourtant...
Jean-Jacques Goldman est vraiment nul !
L'art de faire le plein avec du vide : merveilleuse alchimie que Jean-Jacques Goldman pratique b�atement, comme un essayeur de guitares qui aurait des heures de loisir.
Tous les hommes sont n�s chanteurs... sauf quelques chanteurs. Goldman est de ceux-là. Rien ne pr�disposait ce gentil dadais, longueurs et pointes, convenable, ancien diplôm� d'HEC et animateur de chorale, à devenir la mascotte des ados et pr�-ados de douze à seize ans. Rien, sinon une affabilit� tous terrains, en lisière avec l'image bêtasse et godiche d'un Duteil, qui aurait d? le mettre au-dessus de toute critique acrimonieuse. Erreur ! Il est de salubrit� publique de crier haut et fort qu'avec Jean-Jacques Goldman on s'approche au plus près du degr� z�ro de la chanson française. Une sorte de panac�e de la grande vacuit� musicale de ce milieu de d�cennie vagissante.
A trente-cinq ans, l'ex-guitariste de Taן Phong reconverti dans la savonnette manufactur�e aime à dire : « Les chansons sont souvent plus belles que ceux qui les chantent. » Nouvelle m�prise ! L'homme est charmant, mais ses ritournelles sont navrantes. Après le succès de Il suffira d'un signe, Goldman n'a cess� de s'autoplagier, exploitant jusqu'à la corde le filon des ballades scouts, r�vis�es funky avec une savante panoplie d'arrangements racoleurs : Quand la musique est bonne, Envole-moi, Je marche seul, etc. Bouchons à l'entr�e des mange-disques. Le million de rondelles est all�grement franchi. Un prodige au moment oש les maisons de disques crient famine ? Qu'importe, au-dessus de la mêl�e, le BHL de la ritournelle gère mièvrement son patrimoine d'inanit� sonore.
Adepte du tube-�prouvette, la scène n'est guère son affaire. Et pourtant il faut bien s'y coller. Goldman y paraמt aussi peu à l'aise qu'un louveteau dans le vestibule d'un life-show. Il pr�sente bien mais plaisante moins. S'il se mêle de faire des enchaמnements humoristiques, genre talk-blues, on souffre pour lui. Devant tant de gentil patronage, les mouflets lèvent leur briquet allum�, comme autrefois leurs grands frères pour L�onard Cohen. Et puis, il fallait bien s'y attendre, Goldman chante. Une curiosit�. Pourquoi ne fait-il pas de la peinture, se demande-t-on tout de suite. La voix s'�trangle dans les aigus, semblable aux piailleries d'une orfraie t�tanis�e. Les premiers rangs craignent une otite. Les balcons demandent des cotons-tiges. Il paraמt qu'il a commenc� par le violon, certains pr�f�reraient le voir au bloc.
Au fait, que nous dit-il ? Difficile ? discerner. Refrains boiteux, inspiration indigente, ces bredouillis �namour�s semblent hâtivement traduits du moldo-valaque. Avec Goldman, le face-à-face avec l'�criture relève de la brève escarmouche. Son extrême �conomie de moyens confine à la disette cr�atrice. Comme beaucoup, nous direzvous. Certes, mais Goldman est une vedette, Goldman est un gros vendeur de disques, Goldman est en passe de devenir un ph�nomène de soci�t�, il semble donc requ�rir la carrure suffisante pour supporter cette esquisse de lynchage d'une image publique, aussi partisane soit-elle.
I,e succès est là, vague d�ferlante. Mais qu'est-ce que la vogue en chanson sinon le r�sultat de l'adaptation d'un esprit malin au gr�garisme du moment ? Goldman est un magniflque exemple de chantre mou, syst�matisant le couac et r�inventant le n�ant des d�cibels avec la fausse modestie du doux troubadour qui fleurit chaque soir sur l'estrade pour donner ses toutes petites graines de somnifère. D'une rare opiniâtret� dans le m�diocre, d'une haute fid�lit� dans le lieu commun, il est plus juste de parler de d�composition que de composition. Certains de ses refrains sont tellement d�solants, que dans certaines pr�fectures, ils pourraient servir de peine capitale.
Ne touchez pas aux idoles, la dorure vous reste sur les doigts !
Mais puisque l'on parle davantage, ces temps derniers, de location que d'�motion, il n'est pas douteux que ce gracieux muscadin du vinyle fasse un excellent score au Z�nith, ce qui infligera un cinglant d�menti à ce pr�sent article, malintentionn� et sale bête. Du moins cela rassurera les mercantiles du sillon, les marchands de sirop et ceux qui pensent qu'un plan de carrière artistique peut être programm� comme un itin�raire �lectoral.
Pour tous les autres, s'il y a du monde dans le m�tro à 6 heures du soir, ce n'est pas pour cette raison qu'il y a quelque chose à voir et encore moins à entendre... Dire que Jean-Jacques Goldman est un produit pharmaceutique au go?t saumâtre et aux effets secondaires fâcheux n'est pas un outrage, c'est un diagnostic. Mais les gens aiment bien les purges. Comme les gousses d'ail, elles �loignent les mauvais g�nies. La preuve du pire, c'est parfois la foule. Elle sera au rendez-vous.
Patrice Delbourg
L'ֹv�nement du Jeudi, 5 au 11/12/85.
Suite à cet article, les r�ponses dans le courrler des lecteurs... :
Lui, Khomeiny l'aurait lib�r� !
D'oש le sortez-vous celui-là ? Est-ce un rescap� de Mein Kampf ? Je pense qu'il doit en vouloir à Goldman d'être juif ! On a l'impression qu'il n'arrive pas à ravaler sa bave. Il faut le faire vacciner contre la rage. On peut ne pas aimer un artiste mais là, c'est de la d�mence. J'aime votre hebdomadaire car il traite les problèmes et les sujets avec s�rieux, comp�tence, mod�ration, tol�rance, sans passion excessive, ni haine. A travers cet article je ne reconnais pas l'ֹv�nement du Jeudi. II est bien dommage qu'au Liban vous n'ayez pas envoy� ce Delbourg plutôt que M. Kauffmann ; vu son �tat de folie avanc�e, Khomeiny aurait reconnu l'un des siens et l'aurait fait lib�rer.
Guy Caillaud, Rueil-Malmaison
Z�ro point� !
Que vous soyez sec, insensible, "adulte" ou plutôt vieux dans le coeur et dans l'âme, tant pis pour vous ! Mais sachez que je ne suis ni un mouflet ni une minette mais une �tudiante de vingt ans qui a grandi avec les chansons de J.-J. Goldman grâce à la sinc�rit�, la sensibilit�, la complicit� que je trouve en elles (...) sans oublier, ne vous d�plaise, un talent r�el. Oh ! bien s?r, lui ne fera pas d'interview tapageuse, avec scandale à la cl� comme il est de bon ton. (...) Z�ro point� pour votre article, un peu facile, raide et sec : aucune humanit�.
Christine Gabellini, Rueil-Malmaison
Alt�r� par le voisinage de C�line ?
Si, comme semble le souhaiter P. Delbourg, seules les personnalit�s de talent avaient le droit de s'exprimer, votre hebdomadaire compterait peut-être un collaborateur de moins. En raison de l'inconsistance de la d�monstration de P. Delbourg (Goldman est nul parce qu'il est nul, donc il est nul - CQFD), je n'ai toujours pas compris si le plus nul �tait Goldman, son public ou l'auteur de l'article que vous avez publi�. (...) Je me suis en outre demand� si le "jugement" de P. Delbourg n'avait pas �t� l�gèrement alt�r� par le voisinage de sa rubrique avec un article consacr� à C�line. (An�antissement de la chanson française, allusion p�jorative à B.H.L., grossière r�f�rence au "moldo-valaque"). Si le ton s'y trouve bien, l'art de l'�criture y fait n�anmoins cruellement d�faut - pour le lecteur, s'entend. En bref Delbourg semble être à C�line ce que Goldman est à Brel ou à Brassens,
Laurent Levy (�tudiant), Lyon
Ne vous pasqualisez pas !
Ne pas reconnaמtre un peu de talent à Goldman, c'est admettre que les 8 000 personnes qui vont chaque soir le voir et l'�couter sont des nuls. (...) Votre article se veut pol�miste. A la manière de Pasqua en politique, vous voulez crier fort, être v�h�ment, employer des all�gories pour mieux marquer votre originalit�. Piètre manoeuvre. Soyez humble ! Ne vous « pasqualisez pas », sinon demandez à aller à Paris-Match ! Cordialement quand même.
Dominique Portier et Xavier Moussard, Rueil
Assez des petits branleurs de guitare !
Lundi 2 d�cembre, sur TFl coup de coeur d'Henri Tisot en faveur , entre autres, de la chanson française que tous les m�dias audiovisuels pr�tendent servir. Alors que, le plus souvent, directement ou indirectement (tous les coups sont permis), ils ne nous servent que de la soupe, ou, plutôt, pour parler franc et en français, que de la merde, f?t-elle, comme dit la pub, « moul�e à la louche », voire "essay�e et approuv�e" et autres cabots du petit �cran. Jeudi 5 d�cembre, en �cho, paraמt dans l'ֹv�nement du Jeudi l'article de Patrice Delbourg intitul� "Jean-Jacques Goldman est vraiment nul". C'est l'�vidence même. Mais ce n'�tait pas si �vident (ni si facile, si j'en juge - �galement après enquête) pour un r�dacteur qui, avec J�rôme Garcin, assure la critique litt�raire dans cet hebdomadaire que d'avoir os� d�trôner ce veau d'or du showbiz. Bravo et donc merci à Henri Tisot et à Patrice Delbourg d'avoir eu le courage d'être les porte-parole d'une majorit�, jusque-là trop silencieuse, qui en a assez d'avoir les oreilles rebattues avec les insignifiances de petits branleurs de guitare, dont le super Golderacker est pr�cis�ment celui dont on vient de causer. Car, cette semaine encore - curieuse coןncidence ! - ce foutriquet du cacheton tous azimuts refait la manche dans T�l�-Poche. (...) De sa voix, qu'on devine haut perch�e, et ne doutant plus de son g�nie po�tico-musical, il confie docte et ser(e)in : "Tout ce que je peux exprimer en dehors de mes chansons sera moins bien dit." Incroyable : il peut encore faire pire que ses chansons ! On demande à lire sa prose. Chiche, qu'il �crive un bouquin qu'on se marre enfin. Ou, plutôt, tremblons. Car gageons que ce ballot de l'estrade finirait bien par passer à "Apostrophes" : on y a bien vu François-Marie Banier pour son Balthazar, fils de famille, n'en d�plaise à Gallimard, et, surtout, à Bernard Pivot, que j'admire sincèrement et dont j'adore les �missions, mais qui, parfois, semble c�der candidement aux sirènes d'une renomm�e qui doit plus aux certitudes d'un pass� ant�rieur qu'aux doutes d'un subjectif pr�sent.
Benoist Lambin, Paris.
ַa craint !
Bien que n'�tant pas un inconditionnel de Goldman, je trouve que cet article « craint » �norm�ment. Une critique « type char d'assaut ! » a-t-elle vraiment sa place dans un journal qui a l'ambition de planer au-dessus de la mêl�e ? Que l'on critique d'accord, mais un peu de subtilit� ! La seule explication, c'est que P. Delbourg avait un compte personnel à r�gler avec "le gracieux muscadin du vinyle."
Luc Siebert, Villeurbanne
Un v�ritâble Aârtiste, Quoââ !
Parce qu'il refuse la caricature, les attaques gratuites, d�range et incite toujours à la r�flexion, j'aime l'ֹv�nement du Jeudi. Mais (à propos de J.J.G.), chapeau ! Tous les ingr�dients du discours sectaire sont r�unis : l'amalgame (...), le manich�isme (...) et le m�pris des autres : description apocalyptique d'un public cr�tinis�, malax� par des Monsieur Loyal pass�s maמtres dans l'art "d'abalourdir" des parterres gr�gaires à faire pâlir d'envie un premier secr�taire du PC sovi�tique ! (...). La suprême insulte est lâch�e : Goldman a un public, il vend des disques, il est, osons le dire com-mer-cial ! Quelle horreur ! (...) En un mot, il a le mauvais go?t de r�ussir ce qu'il entreprend. (...) Le même article aurait pu paraמtre dans le Figaro Magazine. (...) D�sormais, j'�viterai de lire la page "vari�t�s". A moins que Delbourg ne nous d�niche un artiste qu'il aime : s?rement un vieux chanteur laid qui ne vend pas de disques et chante devant des salles vides. Un v�ritâble âârtiste quoââ ! comme on dit dans les salons loin de la populace (...) masochiste qui, en achetant les journaux, fait vivre M. Delbourg.
Eric Fallourd, Clamart
La bave du crapaud et l'�toile
Il est jeune, beau, intelligent et, comble de l'insolence, il a du succès ! (...) Heureusement comme chacun sait et comme l'avenir le prouvera, la bave d'un crapaud n'atteint pas l'�clat d'une �toile.
Brigitte Fleury, Montoire
Je ne vous pardonnerai jamais
Comme dit monsieur François de la Rochefoucauld : "Si nous n'avions point de d�fauts, nous ne prendrions pas tant de plaisir d'en remarquer chez les autres." Monsieur Delbourg, je ne vous pardonnerai jamais le mal que vous m'avez fait en insultant de la sorte Jean-Jacques Goldman.
Dominique C., Saint-Lô
Ni d�bile ni inconditionnelle
J'ai vingt-trois ans et je ne suis ni totalement d�bile (je lis r�gulièrement l'ֹv�nement du Jeudi) ni une fan inconditionnelle de ce chanteur. Pourtant de là à le traiter comme vous l'avez fait, il y a un oc�an... (...) Je ne comprends pas comment un tel chanteur a pu attirer une telle agressivit� et je serais ravie que vous la r�serviez à des sujets plus graves. Au fait, monsieur, tout cela ne m'empêchera pas d'aller grossir les rangs de ceux qui pr�fèrent �couter J.J.G. que de prendre le m�tro ! Relisez votre Histoire de France, les foules n'ont pas toujours tort.
C. Ich�, Toulouse
Votre article est superbe !
Votre article sur J.J.G. est superbe ! F�licitations sincères. Des papiers comme celui-là sont trop rares dans la presse française pour laquelle �crire la v�rit� relève de l'�v�nement pour ne pas encourager une telle plume. Chapeau et continuez !
Eric Escoda, Villejuif
Voyez le trouble que vous semez...
Sortant à l'instant du Z�nith, je dois vous avouer que j'ai pass� un moment fort agr�able. (...) N'est-ce pas votre soci�t� que vous ne supportez plus, cher Patrice ? Il faut vivre avec. Sans être un morceau important de la culture française actuelle, c'est loin d'être si nul et si vide que vous le dites. (...) Je veux enfin souligner le côt� sympathique du personnage : il ne triche pas, ne m�prise pas son public. II ne d�fraie pas la chronique avec des problèmes sentimentaux. Il n'utilise pas comme tant d'autres des pseudo-engagements politiques à des fins de publicit�. Je laisserai le dernier mot à ma petite soeur (17 ans) qui est une fan de J.J.G. (pardonnez à son âge !) : « Ce Delbourg, je suis s?r qu'il est antis�mite ! ». Voyez le trouble que votre v�h�mence peut semer dans ces jeunes esprits ! Avec, malgr� tout, toute mon estime et mes f�licitations pour l'ensemble du journal.
E. Huttner, Paris
Comment osez-vous ?
Comment osez-vous mettre les dates du concert à la fin de l'article alors que tout est fait pour d�go?ter le public ? (...) Il n'y a aucun mot assez fort pour r�agir face à cet odieux article. Je vous le dis, j'aurai r�agi de la même façon pour n'importe qui, même pour quelqu'un que je n'appr�cie pas. II est inacceptable de savoir que des milliers de personnes vont lire ça et avoir une image totalement fausse de Goldman. (...)
Muriel Rodriguez, Toulouse
Pourquoi Yves Duteil ?
Nous h�sitons entre l'indignation et la d�ception. (...) Nous sommes surtout troubl�s par le rapprochement entre J.J. Goldman, B.H.L., Yves Duteil et L�onard Cohen car cela n'est pas sans rappeler l'amalgame qu'avait fait Le Pen entre Yvan Levaן, Jean Daniel, J.P. Elkabach et J.F.K. Vous aviez alors d�nonc� publiquement et à juste titre l'ignominie de telles pratiques.
Sign� par huit lecteurs parisiens
Brassens, Devos, Goldman et... nous
Permettez-moi tout d'abord de vous f�liciter pour votre hebdo. (...) J'ai vingt-sept ans, je suis claviste et si je ne suis pas d'un niveau intellectuel des plus �lev�s, je ne pense pas non plus avoir l'âge mental de quinze ans. Je suis une inconditionnelle de Brassens et Devos. Libre à P. Delbourg d'aimer ou non Goldman, libre à lui de l'�crire mais (...) le but de cet article me laisse songeuse : que lui reproche-t-il au juste ? De chanter ou d'avoir du succès ? En ce qui me concerne, je ne reste pas insensible aux musiques et paroles dudit chanteur.
Catherine Demange, Paris
C'est du Miro à la sanguine, bravo !
Un r�gal, votre ex�cution de Jean-Jacques Goldman ! Je croyais être tout seul, �tant donn� que même ma propre fille (pensez donc !) rêvait d'un sac marin pour marcher seule. Je croyais être seul à ne pas admettre la nullit� pouss�e à l'extrême limite du spectre lumineux, côt� infra-rose... Nous sommes au moins deux. Patrice Delbourg, j'aime bien quand vous flinguez un mec. Vous ne vous contentez pas de lui balancer des bastos en pleine poire pour la beaut� des gicl�es d'h�moglobine. C'est du Miro, à la sanguine. En plus, vous lui flanquez le genou dans les testicules, rien que pour stimuler ce qui lui reste de canal m�dullaire. Bravo. Il faut le crier, j'aime ça. Jean-Jacques Goldman est vraiment nul, mais vous me l'avez abמm�. Je crois me souvenir que vous m'aviez fauch� Sardou pour sa tronche en coin, et pour son air de se faire �ternellement chier, même si Hersant - simple supposition - d�crochait l'ֹducation nationale. Vous ne me couillonnerez pas avec Mader. Celui-là, je me le r�serve. J.J.G., d'accord. Je n'en ferai pas un drame. D'autant plus que ça va être super de le voir se traמner dans la glaire rosâtre jusqu'au podium du Z�nith, avec sa guitare-prothèse, "Je marche seul" II ne pourra plus scander les cadences de sa souffrance avec ses baskets. II marche seul, on n'en a rien à cirer, inutile de nous inviter à partager son chemin de croix avec un tic racoleur qui lui sabre la joue et fait branler sa mèche. Delbourg l'a r�duit en ectoplasme. (...)
Fr�d�ric Klein, Annemasse
Le 20 d�cembre 1985, rebelote avec Le Nouvel Observateur
Plaidoyer pour Goldman
Look : nul. Message : z�ro. Alors comment se fait-il que ce jeune homme qui "marche seul" soit devenu le chanteur français le plus populaire ?
Goldman est-il coupable ? A �tudier son press-book, on en serait persuad�. II ne s'en cache tellement pas qu'il a fait imprimer sur le programme de son spectacle les critiques les plus saignantes. "L'idole des minettes", "le roi du tubegentillet"· et son "esth�tique du minet funky-chic", "Le BHL de la ritournelle", "le chanteur mou" de "bredouillis �namour�s traduits du moldo-valaque" s'est d�jà pris une sacr�e racl�e.
Pour susciter une telle hargne, il a d?, se dit-on, commettre un crime bien crapuleux. Il ne le nie pas. Il plaide coupable. C'est lui le d�biteur de tubes à la tronçonneuse, le violeur de tympans, le couineur de la bande FM. Oui, lui ! le braillard. « Quand la mnsique est bonne... » Celui avec la voix aiguכ - "jusqu'au bout de mes rê-ves". Le mignon ! Avec son air de fianc�-à-ma-petite-soeur, qui nous balance trois hits par an depuis 1981. Pourtant, malgr� ses 750 000 45-tours vendus à chaque fois, malgr� ses disques d'or et de platine, malgr� son triomphe à Paris oש il vient de terminer une tourn�e sold-out (pr�vue au d�part pour douze jours, sa s�rie de concerts au Z�nith fut prolong�e soir après soir vu la demande et il y serait encore si la salle n'avait �t� retenue par ailleurs), malgr� ce succès ind�cent-sans promotion, sans annonces radio, sans interviews, sans campagne d'affichage (elle �tait pr�vue, mais fut annul�e pour cause d'affluence)-, malgr� les 6 000 spectatrices chaque nuit (dont un tiers de garçons !) chantant toutes ensemble « Je marche seul ! lQuand la vie d�raisonne l Sans t�moins, sans personne... y, malgr� tout cela, on peut l'affirmer : Jean-Jacques Goldman est innocent.
Innocent, il l'est de naissance. Fils d'un juif allemand et d'une juive polonaise, n� en 1951, il a, de son propre aveu, v�cu « une enfance et une adolescence sans r�volte ni ambition particulière ». S'il est une star aujourd'hui, c'est bien malgr� lui, il n'a rien fait pour et pr�fère se d�crire comme "un père de famille paisible (trois enfants), ne rejetant ni le travail ni le confort". S'il y a un ph�nomène Goldman, c'est celui-là : qu'un jeune homme aussi f�rocement banal soit devenu le chanteur français le plus populaire des ann�es 80.
Le look ? Y a pas. Jean presque neuf, chemise presque blanche, presque repass�e - avec cravate, cheveux ni courts ni longs, tennis et chaussettes, cuir beau mec - mais sans aller jusqu'à la chaמnette or avec scorpion (son signe) ou �toile de David sur les poils du torse. J.J. Goldman fait son maximum pour ne pas être trop. En 1980, CBS l'a lanc�-il avait d�jà 29 ans, il avait �t� guiratiste du groupe Taן-Phong, auteur d'un hit �ph�mère en 1975, « Sister Jane », tout en travaillant, par s�curit�, comme vendeur dans le magasin de sport mont� avec son frère après des �tudes à l'EDHEC de Lille. Premier 33-tours (pr�par� pendant un an), premier tube "Il suffira d'un signe". Il voulait appeler son disque : « D�mod� .~. Niet, disent les producteurs. Son deuxième s'appelera "Quand 1a musique est bonne" . et non "Minoritaire", comme il l'aurait souhait�. Il ne choisit rien. Sauf son nom : il a refus� d'en changer, malgr� l'insistance des managers. Le titre du troisième-"Positif". -, on l'accepte, parce qu'il est positif.
Jean-Jacques Goldman est modeste. "Je fais de la musique utilitaire sur laquelle on peut danser... Quitte à faire des chansons, autant qu'elles ne soient pas trop idiotes...". Il est timide. "Je n'ai pas une nature à vouloir m'imposer..." II n'aime pas la scène. "Je ne suis ni une bête de scène ni un danseur. le ne sais pas improviser. Ce que je dis entre les chansons, c'est �crit d'avance." Le succès ? "ַa ne prouve rien. Question de circonstances, de mode et de chance. A 100 000 albums, on est pas mal. A 300 000, on devient int�ressant. A 500 000, alors là carr�ment irr�sistible." Le Z�nith ? "C'est facile. La salle m'est acquise d'avance. Heureusement. S'il me fallait convaincre, je pr�f�rerais m'en aller."
Il n'arrête pas de s'excuser. it se dit "conformiste par nature", à regret. II d�voile si honnêtement sa strat�gie qu'on le prend pour un roublard. "La presse ne fait pas vendre de disques". Alors il multiplie les passages radio, les apparitions t�l� dans les �missions grand public mais refuse les interviews à la presse �crite-sauf à la presse ado et aux quotidiens de province. Produit parfaitement cibl�. Parfaitement neutre. Parfaitement seul. Jean-Jacques Goldman n'est pas Jean-Jacques Goldman. Je demande le non-lieu.
Marie Muller.
Le Nouvel Observateur-20-26 d�cembre 1985
La r�ponse des lecteurs du Nouvel Observateur : c'est dans son pubHc que l'on rencontre les meilleurs avocats de la d�fense...
Le procès de Marie Muller
"Muller �tait-elle coupable ? - Oui - Circonstances att�nuantes ?-Aucune si ce n'est l'incompatibilit� de ses origines-Verdict ? - Coupable à l'unanimit�." Voilà mon plaidoyer, chère Madame Muller, vous qui êtes grande par le cynisme, par la m�chancet� de salir un être dans sa vie professionnelle ô combien �panouie, dans sa vie priv�e, ou tout simplement l'être fragile et fort, modeste et grand à la fois qu'est Jean-Jacques Goldman.
Muriel Sabbah, Nice
Les nombreux fans de Goldman
L'insistance sur le sionisme de Goldman peut paraמtre quelque peu malsaine. Malgr� le non-lieu invoqu� par Marie Muller, cet article demeure assez provocant pour les nombreux fans de Goldman. Comme nombre de critiques, on semble ici encore oublier qu'une chanson ne doit être ni une oeuvre litt�raire ni un air d'op�ra. Une chanson, de vari�t�s, recherche avant tout une certaine sensualit�, ce pour faire danser les ados que nous sommes, et �galement pour �mouvoir, toucher les plus « paum�s » d'entre eux, qui sans r�ve et sans musique, resteraient asociaux. Nous pourrons donc nous interroger quant à la n�cessit� d'un nonlieu, à moins toutefois qu'aider les paum�s de notre soci�t� soit un crime. En outre, appr�cier Goldman n'exclut absolument pas le fait d'adorer Mozart, et les minettes fans de musique classique �tant plutôt rares aux dernières donn�es corrig�es, nous pourrons �galement discuter la qualit� de minettes - au masculin comme au f�minin - des goldmaniens dans leur totalit�.
Laurence L., 16 ans, Cambrai
Rien n'est plus f�roce qu'un gentil
"F�rocement banal", Jean-Jacques Goldman ? Allons donc ! Banal d'être sain et �quilibr� à notre �poque ? Banal de prôner la culture qui seule permet de s'en sortir ("à coups de livres. je franchirai tous ces murs".). Banal de bannir (sic) toute forme de drogue (« M�dicaments blues ») ? Banal d'être antiraciste visc�ralement ? Banal d'accepter profond�ment toutes les diff�rences (« Ton autre chemin ») ? H�las, c'est lui qui a raison : Jean-Jacques Goldman est bien minoritaire, et ça n'est pas banal. Quant à sa pr�tendue "innocence", elle ne trompe personne. On ne devient pas "star malgr� soi" en peaufinant sa musique pendant quinze ans. II n'a que ce qu'il m�rite. Mais, par piti�, n'en faites pas un benêt (même avec humour) sous pr�texte qu'il se pr�serve. Il est encore fichu de vous r�pondre (avec humour) par un tube. Rien n'est plus f�roce qu'un gentil. Une fan pas "tar�e" qui lit même (souvent) "le Nouvel Obs".
H Christiane Ferreri, Paris
Pas un surhomme, un homme
Chère Marie Muller, je viens de lire l'article que vous avez consacr� à Goldman... Avant toute chose, merci de n'y être pas all�e au bazooka, même si derrière votre plaidoyer pour cet homme qui a l'insolence de crier qu'il marche seul, il y a cet incontestable �lan du coeur : « Laissez-le vivre ». On n'en demandait pas tant ! Cela dit, je suis certaine que vous ferez s?rement mieux la prochaine fois si vous prenez la peine d'�couter dans leur int�gralit� tous les albums de Golman. Non que je veuille vous convertir à tout prix, mais pour que vous puissiez comprendre pourquoi un mec aussi banal, aussi loser, aussi nul, rencontre autant de succès. Il serait temps que les intellectuels « parisiens » cessent de croire que l'arch�type du fan de Goldman est une minette de 15 ans qui lit assid?ment le courrier du coeur dans O. K. Magazine. Vous êtes trop bonne de souligner qu'il y a au moins un tiers de mâles dans les salles oש passe Goldman ! Je fais donc partie du cheptel qui suit fidèlement Goldman, et pourtant, je vous jure que j'ai eu ma dose de Sartre et que j'ai commenc� très tôt à biberonner au Nouvel Observateur 5...). Et si vous vous demandez, intrigu�e, ce qui me fait courir, avec tous les autres, applaudir le chanteur du vide, de la solitude mais aussi de l'amiti� et de l'amour (libre à vous de penser s'il s'agit là de poncifs), alors voici ma r�ponse. A droite, il y a super-Tapie et ses carpettes de jeunes gens BCBG, la France pure souche qui se tr�mousse devant un monsieur qui r�ussit (même ses dettes) avec un seul franc symbolique... Et puis à ma gauche, il y a Goldman et ses milliers de groupies... Goldman qui chante tout le temps que c'est d�jà dur d'être un homme tout court dans le monde oש l'on est, et qui pour avoir raison ne veut surtout pas un jour faire partie des surhommes... Ceux-là, souvenez-vous en, on en connaמt non ?
Evelyne...
Quelque peu agac� par une grande presse peu soucieuse de l'exactitude des informations donn�es à son propos, Jean-Jacques Goldman r�pond :
Une lettre de Jean-Jacques Goldman
Mon père n'est pas "juif allemand"· mais "juif français" ma mère n'est pas "juive polonaise" mais "juive française". Je regrette d'avoir à rectifier ce genre d'« erreur » dans les colonnes du « Nouvel Obs ». "Il ne choisit rien", c'est vrai, sauf quelques petits « d�tails » : les musiques que je compose, les textes et arrangements que j'�cris, la r�alisation et les instruments que je joue. Le "reste" ( ? ? ?) m'int�resse effectivement moins... S'il est exact que je ne revendique ni look, ni vie priv�e tapageuse, ni « message » susceptible de faire bander Marie Muller, j'avoue ne pas être m�content d'entendre les gens chanter "Je te donne toutes mes diff�rences, tocrs ces d�fauts qui sont autant de chances", à quelques mois d'une campagne �lectorale qui s'annonce plutôt... louche. Enfin, concernant mes r�ticences vis-à-vis de la presse dite « grande », les lecteurs comprendront peut-être mieux mon manque d'enthousiasme et de plaisir à rencontrer ce type de... (j'ai failli dire journaliste). Cependant, j'avais appel� votre collaboratrice (à sa demande) mais, d�cr�tant que je n'avais pas la « voix de JeanJacques Goldman », elle a cru à une blague t�l�phonique d'un de ses amis (apparemment pleins d'humour !) et m'a raccroch� au nez !
J.-J. G.
Marie Muller r�pond
Que Jean-Jacques Goldman veuille bien m'excuser. Pour le raccourci concernant ses parents. Et pour lui avoir raccroch� au nez (on m'avait fait par deux fois la plaisanterie et je commençais à la trouver saumâtre). Par contre, la r�flexion concernant son « look » et son "message" n'est pas de mon fait. Au contraire : que Jean-Jacques Goldman se moque de son « look », n'ait pas la pr�tention de d�livrer un « message » et r�pugne à rencontrer les journalistes me le rend tout à fait sympathique. Je suis d�sol�e de l'interpr�tation n�gative qu'il a faite de mon papier.
M.M. Le Nouvel ObservaAeur 17/1/86
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